Dans le rythme constant de la vie moderne, où le stress et l’anxiété sont devenus indésirables, les vertus curatives de la nature s’avèrent être un antidote prometteur pour la santé mentale. Des études scientifiques et des recherches mettent en évidence les effets positifs des espaces verts sur la santé mentale, soulignant le rôle important que joue la nature dans la promotion du bien-être et la lutte contre les effets négatifs de la vie urbaine.
La biophilie : Notre lien inné avec la nature
Le concept de « biophilie » souligne le lien fondamental que les êtres humains partagent avec la nature, et ce lien joue un rôle essentiel dans l’impact positif considérable que les espaces verts ont sur la santé mentale. La biophilie est un processus évolutif humain. Ce processus prend en compte différentes typologies de la nature et des cultures humaines et nous amène à considérer les préférences environnementales et la récupération psychophysiologique du seuil de temps passé en contact avec la nature. Malheureusement, les gens d’aujourd’hui, en particulier les enfants, manquent de contacts directs et fréquents avec la nature, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur leur santé physique et mentale.
Les recherches publiées dans la National Library of Medicine suggèrent que l’exposition à des environnements verts et à des éléments naturels peut susciter une réponse psychologique positive. La proximité de la nature a été associée à toute une série de bienfaits pour la santé mentale, notamment la réduction du stress, l’amélioration de la concentration et l’augmentation du sentiment de bonheur. Ce phénomène trouve son origine dans l’histoire de notre évolution, au cours de laquelle l’homme a évolué en étroite relation avec l’environnement naturel.

Les résultats soulignent l’importance d’intégrer des espaces verts dans la planification et la conception urbaine, ce que l’on appelle la conception biophilique. Cette approche architecturale contribue non seulement à l’esthétique d’une ville, mais joue également un rôle crucial dans la promotion du bien-être mental. En reconnaissant et en encourageant notre lien inhérent avec la nature, nous stimulons la biophilie innée de l’individu. Cela peut donner des indications précieuses sur l’élaboration de stratégies visant à améliorer les résultats en matière de santé mentale dans diverses communautés.
Indice mondial du bonheur : La nature, un facteur clé
William Russell, spécialiste de l’assurance santé internationale, a réalisé un classement complet des 26 pays de l’OCDE en 2022, en prenant en compte différents facteurs liés à la promotion du bien-être psychologique. Parmi ces critères figurent l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, l’environnement, la présence d’espaces verts et les dépenses publiques en matière de santé mentale. « Chaque pays a reçu une note sur dix pour chaque facteur, avant de faire la moyenne de tous les facteurs pour obtenir une note finale sur dix », explique William Russell.

Le rapport met en évidence des pays comme la Suède, leader en matière de soins de santé mentale, où l’abondance de paysages verts contribue à la grande satisfaction des citoyens à l’égard de la vie. Avec un score de 7,13, la Suède arrive en tête du classement, suivie de l’Allemagne (6,60) et de la Finlande (6,47). La Suède occupe la première place, notamment grâce à ses espaces verts. Le pays « abrite de luxuriantes forêts de conifères qui occupent la majeure partie de son territoire, offrant un environnement parfait pour la relaxation et le bien-être mental », selon les experts. En outre, les Suédois bénéficient d’un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée, un critère qui permet également à l’Allemagne d’occuper la deuxième place. Le pays consacre également plus de 11 % de son budget de santé au bien-être psychologique de ses citoyens. La Finlande, connue comme le pays le plus heureux du monde, se distingue par ses facteurs environnementaux, notamment son pourcentage élevé d’espaces verts (73 % de son territoire).
Les défis urbains : Déficit de nature et problèmes de santé mentale
Selon le World Happiness Report, les pays qui se classent systématiquement en tête du classement mettent en évidence la relation entre l’environnement naturel et le bonheur général. À l’inverse, les effets des troubles liés au stress sont plus fréquents dans les zones urbaines où les espaces verts sont limités. L’absence d’effets thérapeutiques naturels dans les environnements urbains peut entraîner une augmentation de l’anxiété et de la dépression, ainsi qu’une plus grande prévalence des troubles de l’humeur. Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2019, une personne sur huit, soit 970 millions de personnes dans le monde, vivait avec un trouble mental, les troubles anxieux et dépressifs étant les plus fréquents

Avec l’urbanisation croissante, l’importance d’intégrer des espaces verts dans la planification urbaine devient de plus en plus évidente. Une étude publiée dans le Journal of Epidemiology & Community Health suggère que les personnes vivant dans des environnements urbains sans accès à des parcs et à des espaces verts subissent un stress psychologique accru. Cette étude examine l’association momentanée entre les espaces verts urbains, mesurés à l’aide de l’indice de végétation par différence normalisée (NDVI) dérivé de l’imagerie Landsat, et le stress psychologique, mesuré à l’aide de l’évaluation géographique écologique momentanée (GEMA), dans les espaces d’activité d’un échantillon d’adolescents américains résidant à Richmond, en Virginie. Les résultats indiquent que les espaces verts urbains sont associés à une diminution du stress lorsque les sujets sont loin de chez eux. Les sujets peuvent également rechercher des espaces verts urbains à des moments où ils sont moins stressés ou explicitement dans le but de réduire le stress.
La zoothérapie : un espoir pour les enfants souffrant de troubles mentaux
Outre ses effets positifs sur la santé mentale en général, la nature est de plus en plus reconnue comme une ressource thérapeutique pour des interventions médicales ciblées, et l’un des outils pionniers dans ce domaine est la zoothérapie. La zoothérapie utilise la nature de manière stratégique pour traiter les problèmes de santé mentale des enfants. Une étude publiée dans le Journal of Pediatric Psychology souligne l’efficacité de la zoothérapie en conjonction avec les traitements traditionnels, en montrant qu’elle peut réduire de manière significative les symptômes chez les enfants souffrant de troubles tels que le TDAH et les troubles anxieux.
La zoothérapie n’est pas seulement une percée dans les stratégies de traitement, elle souligne également le rôle important de l’incorporation d’éléments naturels dans la pratique médicale traditionnelle. Elle reflète une compréhension nuancée de la relation entre le bien-être humain et l’environnement. Elle renforce donc l’idée que la nature peut être utilisée comme une alliée dans la quête de la santé mentale et de la guérison.

En fait, ces découvertes ont le potentiel de remodeler le paysage des interventions en matière de santé mentale, en particulier pour les populations vulnérables telles que les enfants souffrant de problèmes de santé mentale. L’intégration d’éléments naturels dans la pratique médicale s’est avérée être une voie prometteuse, en accord avec une compréhension croissante de la relation symbiotique entre la nature et le bien-être humain.
En résumé, en utilisant la zoothérapie comme exemple, l’intégration de la nature dans la pratique médicale met en évidence la possibilité d’une coexistence harmonieuse entre le monde naturel et la santé mentale. En reconnaissant les bienfaits avérés des espaces verts et en donnant la priorité à leur intégration dans la planification urbaine, les sociétés peuvent créer des environnements qui non seulement favorisent le bien-être, mais servent également de solutions holistiques aux défis modernes en matière de santé mentale.
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