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C’était en 2018, face à de futurs ingénieurs de l’école polytechnique de Paris que Gunter Pauli, a présenté une solution révolutionnaire pour l’avenir énergétique du Monde. Face à l’ascension du gaz de schiste et ses implications environnementales, Pauli propose une alternative audacieuse.

Le Défi du gaz de schiste : Un risque pour l’environnement et la Santé

Le gaz de schiste, s’est imposé sur le marché mondial du gaz naturel avec un coup de revient sous les 50 dollars le baril.

Cependant, cette énergie fossile présente des risques majeurs pour l’environnement et la santé publique. L’extraction par fracturation hydraulique est associée à des problèmes tels que la pollution de l’eau, l’émission de gaz à effet de serre, et même des tremblements de terre mineurs. Mais les impacts vont au-delà : des études ont montré une corrélation entre les zones de fracturation et une augmentation des problèmes de santé, notamment respiratoires et dermatologiques. De plus, la contamination des eaux souterraines et de surface affecte non seulement les écosystèmes aquatiques, mais aussi l’agriculture, compromettant la qualité des cultures et la santé animale.

La Solution innovante de Pauli : biogaz d’Algues

Gunter Pauli est parfois surnommé “le Steve Jobs du développement durable”. C’est un personnage charismatique, un agitateur d’idées qui a lancé près de 200 projets de développement durable. Il déclare qu’il n’est venu au Monde pour plaire, et c’est pourquoi que les mots de René Char le motivent à aller au-delà de la raison : “Celui qui vient au monde pour ne rien troubler, ne mérite ni regards, ni patience.”

Question énergie, Pauli propose une solution révolutionnaire qui transcende les défis du gaz de schiste: le biogaz produit à partir des algues pour faire face à l’épuisement des gisements de gaz. Pauli tire ce constat: ‘Le problème c’est que les Pays-Bas et pas mal d’autres pays comme l’Argentine  sont en chute libre de production de gaz naturel, ils ont épuisé les gisements. Les ingénieurs géologues nous disent que la seule solution pour le gaz c’est le gaz de schiste.

C’est à ce moment là que je mobilise mon réseau des scientifiques. J’ai 3000 scientifiques, je dis c’est pas possible il faut qu’on trouve une alternative  au gaz de schiste. Alors la réaction de tous les experts du marché est sceptique, ils me disent « Gunter ne perd pas ton temps  s’il avait eu une autre solution, on l’aurait déjà trouvé il y a des années”. Pourtant, nous sommes sur le point de lancer plusieurs grands projets qui vont faire la preuve que le gaz de schiste n’a aucun futur.  Parce que j’ai du gaz naturel qui ne s’épuisera jamais à il ne coutera que 8 dollars le baril. La solution est simple  : c’est la fermentation et la gazification des algues de mer et pour ça on a dû redéfinir l’agriculture. » Le procédé, à la fois simple et ingénieux, implique la culture d’algues en trois dimensions dans l’eau de mer.

Lorsque vous cultivez des algues sur une plateforme de trois mètres de profondeur, vous cultivez en trois dimensions – un avantage considérable par rapport aux cultures traditionnelles.

G.Pauli

Cette méthode permet de produire une quantité significative de biomasse, transformée ensuite en biogaz par un processus de fermentation et de gazéification.

Ce système offre des avantages environnementaux notables : il régénère la biodiversité marine, créant un habitat pour les poissons, les crustacés et les huîtres, revitalisant ainsi les écosystèmes locaux. En outre, ce procédé a un impact positif sur l’emploi, en particulier dans les communautés côtières, offrant de nouvelles opportunités aux pêcheurs.

Avec cette technologie, nous ne produisons pas seulement de l’énergie, nous créons des emplois et nous aidons à restaurer la vie marine…en réinventant la façon dont nous produisons de l’énergie, nous pouvons guérir nos océans et construire une économie  plus inclusive.

Gunter Pauli

Biomimétisme et ingénierie : Pauli repense l’avenir de la flottabilité

Les défis d’ingénierie relevés par les ingénieurs de Pauli sont importants, notamment au niveau de l’ingénierie de flottabilité. A ce propos Pauli affirme : “C’est le flottement des plateformes. Imaginez-vous c’est quand même des kilomètres carrés,  comment maintenir cette cette île flottante à 3 mètres en dessous du niveau de la mer parce qu’une fois qu’on est dehors, avec un orange c’est parti ! On fait un peu de biomimétisme*. Les algues ne mettent jamais la tête dehors.”

Dans une économie mondialisée et fortement compétitive, le modèle d’affaire est-il viable ? A cette question, Pauli répond de manière catégorique : “La plateforme coûte 25000€ par hectare, 2,5 million € par kilomètre carré et je présente le plan pour l’Argentine. C’est le premier pays qui m’a commandé une étude. Avec 3200 km², on fournit la totalité de l’énergie de l’Argentine. L’Argentine est un pays marin qui a un territoire marin de 3,3 millions de km². Alors j’ai besoin d’1% et c’est l’autosuffisance et je je régénère la biodiversité et j’ai un sous-produit, parce j’ai des engrais. J’ai les engrais que je vends avec une incidence de nitrogène qui est un peu le triple que vous avez dans les engrais synthétiques. Qu’est-ce qu’on utilise pour fabriquer les engrais synthétiques  ? Du gaz naturel ! On fait la combinaison des deux au point de vue d’effet de serre c’est le seul carburant du monde qui est émission zéro. Le modèle d’affaire, c’est aussi d’impliquer les pêcheurs. Par exemple, les pêcheurs n’ont pas un grand avenir peu partout, quand vous dites que vous allez augmenter la densité des poissons avec facteur 10 vous êtes populaire chez les pêcheurs parce que personne parle comme ça. Ils n’y croient plus mais heureusement. Je l’ai fait, j’ai augmenté la densité des pêches autour d’un facteur 10. Allez à El Hierro (île d’Espagne située dans l’océan Atlantique) et allez débattre avec les pêcheurs!”

Quelles perspectives ?

L’initiative de Pauli pour le biogaz d’algues est plus qu’une simple proposition théorique ; c’est peut-être une révolution énergétique. Les projets pilotes en Argentine et en Indonésie témoignent de son potentiel tangible. Confrontée à la nécessité de diversifier ses sources d’énergie, l’Argentine explore activement cette technologie pour atteindre une autosuffisance énergétique. En Indonésie, des centrales électriques fonctionnant au biogaz d’algues sont déjà en phase de planification pour produire 100W pour un cout de 35 millions de dollars, un pas de géant vers la réduction des émissions de carbone et la préservation des écosystèmes marins. 

Si la résistance des marchés traditionnels de l’énergie qui ont fait la prospérité des pays producteurs est concevable, la résistance politique selon Pauli invite à réfléchir : “nous sommes capables d’avoir une production à un prix de reviens de 8 dollars et eux (les producteur de gaz de schiste) le produisent à 48 dollars. Moi je régénère le la biodiversité dans les eaux de mer et eux détruisent les réserves d’eau. Alors en termes de  modèle d’affaire, je gagne ! Il y a aucun politicien, quand j’ai fait la preuve sur quelques kilomètres carrés, qui va survivre politiquement, sauf qu’il est dans la poche des entreprises qui s’appellent TOTAL, CHEVRON, EXON, etc.” 

Transformer le Monde était la promesse de la modernité industrielle, après 170 ans d’industrialisation, la planète est à bout de souffle, l’idée d’une économie circulaire paulienne semble incarner une promesse de régénération écologique et de prospérité économique.

Biomimétisme : philosophie et approches conceptuelles interdisciplinaires prenant pour modèle la nature afin de relever les défis du développement durable 

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